Ils exigent des actes de propriété pour leurs assiettes de terrain
Des habitants de Réghaïa bloquent la route
Des centaines d’habitants du quartier Ali-Khodja, dans la commune de Réghaïa, ont bloqué la route dans la matinée d’hier pour protester contre la non-attribution par les autorités locales d’actes de propriété des assiettes de terrain qu’ils occupent depuis 1950.
A l’aide de barricades de fortune et de pneus brûlés, les habitants de ce quartier ont fermé la voie qui mène de Réghaïa à Aïn Taya, engendrant ainsi un grand embouteillage et obligeant les automobilistes à rebrousser chemin. Ce n’est qu’à partir de 13 h que les révoltés ont accepté de libérer la voie publique suite à des pourparlers tenus entre les représentants des habitants et les responsables locaux. Mais le problème, a-t-on constaté, est loin d’être réglé. «Si les responsables persistent dans leur politique de fuite en avant, nous occuperons dans les jours à venir le centre-ville de Réghaïa» menacent-ils. Bien que des promesses solennelles avaient été formulées par le wali délégué de Rouiba et le maire de Réghaïa quant au règlement définitif de ce problème, les habitants du quartier Ali-Khodja ne sont pas convaincus. «C’est la quatrième fois que nous sortons dans la rue pour exprimer notre ras-le-bol, et à chaque fois ils nous bernent avec des promesses non tenues» expliquent, en chœur, une vingtaine de citoyens, les nerfs à fleur de peau.
Et à un autre d’ajouter : «Lors de la campagne électorale, le P/APC nous a affirmé que dès qu’il sera élu, nos problèmes seront réglés. Mais hélas, six mois sont déjà passés sans que celui-ci n’ait daigné mettre les pieds dans notre quartier». Mais ce qui intrigue davantage les 6 000 familles qui habitent ce quartier depuis plus de 45 ans, ce sont «les informations selon lesquelles ce terrain a été classé zone d’extension touristique, ZET» laisse-t-on entendre. Ce qui fait qu’à tout moment ils risquent d’être délogés de leurs demeures. «Nous ne sommes pas des indus occupants. Aucun projet ne sera implanté à la place de nos maisons sans notre consentement», tonne un homme d’un certain âge. Selon lui, le problème aurait pu être résolu depuis de longues années, si «les autorités locales, dont le wali de la capitale et les services de l’Agerfa avaient pris au sérieux ce dossier de la discorde». Mais les revendications des milliers de citoyens du quartier Ali-Khodja ne se limitent pas à leur simple régularisation sur le terrain qu’ils occupent depuis plus d’un demi-siècle. Le raccordement au gaz de ville, le bitumage des routes, la dotation d’une clinique et l’amélioration de l’alimentation en eau potable de leur quartier sont, entre autres, les revendications exprimées par les jeunes protestataires.
Selon M.T. Mohamed, un des représentants des citoyens, «les responsables locaux ont donné leur accord de principe quant au règlement, dans les plus brefs délais, des doléances des habitants». En attendant du «concret», les milliers de citoyens de ce quartier de la capitale se disent déterminés, cette fois-ci, à aller jusqu’au bout de leurs revendications.
«On en a marre des promesses creuses. C’est une question de quelques jours et nous réoccuperons la route si aucune mesure n’est prise pour nous sortir de ce gouffre», prévient un jeune d’une trentaine d’années.
Par Aomar Fekrache
La phrase assassine du wali délégué de Rouiba
Selon M.T. Mohamed, l’un des représentants des citoyens du quartier Ali-Khodja, le wali délégué de la circonscription administrative de Rouiba a «dépassé toutes les limites», en lui assignant en pleine réunion une phrase, le moins que l’on puisse dire, assassine. «Vous n’êtes pas à la hauteur pour parler avec moi». Telle était la réponse de ce haut responsable à ce simple citoyen qui défendait, bec et ongles, les habitants qui l’ont délégué pour les représenter en exposant en toute franchise et responsabilité les doléances des familles de son quartier.
«Cela m’a touché dans mon amour-propre. C’est vrai qu’il est plus instruit que moi, mais j’ai le droit de m’exprimer et de dire tout ce que je pense, étant un citoyen algérien disposant de tous ses droits».
A. F.
Source :http://www.lejourdalgerie.com/Editions/010608/Rubriques/evenement.htm#1